L’illectronisme - contraction d’illettrisme et d’électronique -, ou l’incapacité à utiliser les outils numériques du quotidien, touche une grande partie des personnes en situation d’exclusion. 

 

Le sujet est d’autant plus important que la dématérialisation des démarches de services publics, prévue pour fin 2022, risque de rendre plus inaccessibles encore des services publics pourtant nécessaires aux personnes en situation de grande exclusion. Rendre autonomes, sur le plan numérique, les personnes hébergées à l’hôtel, devient donc un enjeu crucial pour le Samusocial de Paris. 

En juillet dernier, plusieurs ateliers d’initiation au numérique ont été organisés par le Samusocial de Paris via DELTA, son opérateur en charge de la gestion des nuitées et de la qualité de vie dans les hôtels en Ile-de-France, en collaboration avec des associations spécialisées dans l’inclusion numérique : Sirius Production à Paris et Tous au Web dans les Hauts-de-Seine. Une vingtaine de personnes ont ainsi profité des formations avec pour objectif de s’approprier les bases de l’outil informatique pour ne plus dépendre uniquement des travailleurs sociaux qui les suivent.  Et au final être autonome pour effectuer ses démarches administratives en ligne, sa recherche d’emploi ou encore suivre le travail scolaire de ses enfants.

« Je n’avais pas vraiment utilisé d’ordinateur toute seule avant, mais j’ai envie de savoir le faire, pour ne pas avoir à toujours demander à quelqu’un. Parfois je n’ose pas demander pour ne pas embêter, mais du coup mes démarches n’avancent pas. En plus, c’est utile tous les jours même pour les horaires de bus ou suivre les informations. »
confirme Ndjo, participante à l’atelier.

Ces ateliers sont une première étape pour initier la démarche d’apprentissage des participant·es. Les semaines d’ateliers se clôturent par une cérémonie de remise de l’attestation de réussite et d’un ordinateur portable, offert par la Fondation Engie et le Conseil Régional d’Île-de-France ; un moment touchant pour tous et toutes, qui ressortent de la formation motivé·es pour progresser. Les associations comme Sirius Production, proposent aux participant·es de continuer à suivre des cours ponctuellement. « Là je me sens à l’aise, mais je n’ai pas atteint le niveau que je veux, je me suis déjà inscrite à d’autre atelier dans l’association. Et je vais pouvoir pratiquer avec l’ordinateur que l’on m’a offert. » confie Ndjo.

« Mon fils est en centre adapté à son handicap, donc il travaille beaucoup sur ordinateur, et mon autre fils, qui est au collège, a souvent besoin de l’ordinateur, donc je comprends mieux ce qu’ils font et je peux les suivre. »
ajoute Madame Mesroua.

Ces formations sont essentielles et répondent à une vraie demande des personnes hébergées « Dès le début j’ai dit à mon assistante sociale que je suis intéressée pas toutes les formations, les stages », ajoute Madame Mesroua. Un réel moyen d’émancipation et de prise de confiance en soi.