Vous souhaitez vous engager dans un acte solidaire en accueillant une personne réfugiée à votre domicile ?
Le Samusocial de Paris vous accompagne.
Qu'est-ce que ELAN ?
Depuis 2015, nous assistons à une véritable crise migratoire, de nombreuses personnes réfugiées naviguant entre squats, campements et centres d’hébergement d’urgence, faute de places pour les accueillir. Face à ce constat et aux marques de solidarité qui ont émergées en faveur des migrants, le Samusocial de Paris, présent depuis 1993 auprès des personnes vulnérables, a souhaité apporter son soutien à ces actions citoyennes.
Parmi ces initiatives, de nombreuses personnes ont manifesté un intérêt pour accueillir chez elles des personnes réfugiées. Le Samusocial de Paris a ainsi créé un programme pour sécuriser et accompagner cette démarche : ELAN.
Ce programme prend en compte la nécessité pour les personnes accueillantes, de se sentir accompagnées dans l’élaboration de leur projet d’accueil et d’être soutenues tout au long de la cohabitation. L’accompagnement réalisé par les professionnels du programme leur permet également d’être déchargées des démarches d’insertion de la personne qu’elles accueillent (travail, logement, santé, etc.)
"Une expérience qui fait du bien"
Après avoir connu les campements et l’hébergement hôtelier mais aussi pendant six mois un hébergement chez un particulier grâce à l’association Pierre Clavel, Youssouf, 25 ans, originaire de Kapisa en Afghanistan, a rejoint le dispositif ELAN il y a plusieurs mois. Depuis trois semaines, il est hébergé chez Michèle et Claude, dans le 11ème arrondissement de Paris.
Youssouf, comment as-tu entendu parlé d’ELAN ?
Youssouf : Par la Préfecture. J’étais alors hébergé dans un hôtel à Fontainebleau suite à une évacuation à Stalingrad, ce qui faisait loin. J’étais à Paris depuis presque un an et depuis six mois je prenais des cours de Français à l’association Pierre Clavel, qui m’avait trouvé un hébergement chez un professeur. Le contrat d’hébergement était de six mois. C’est comme ça que je me suis retrouvé à Stalingrad. Mais je continuais à prendre des cours. L’association se trouve dans le 7ème arrondissement. J’ai demandé à changer d’hôtel et on m’a trouvé un hôtel à Montreuil. C’est à ce moment qu’on m’a parlé de l’hébergement chez les particuliers.
Et vous Claude, comment avez-vous été amenés à vous engager auprès des personnes réfugiées ?
Claude : ma femme et moi sommes sensibles aux événements qui ont touché la Syrie. Nous avions séjourné dans ce pays avant la guerre et avions apprécié le melting pot de cultures, de religions, et l’hospitalité des personnes. Nous avions envie d’apporter notre aide. Mais le passage à l’acte n’est pas simple. Nous y réfléchissions depuis plus d’un an, quand nous avons appris la possibilité d’héberger une personne réfugiée chez soi sur le site internet du diocèse de Paris. J’ai envoyé un mail, on m’a répondu de contacter l’équipe ELAN du Samusocial de Paris.
Aviez-vous des appréhensions ?
Claude : On n’accueille pas chez soi une personne que l’on ne connaît pas sans quelques appréhensions sur la manière dont se déroulera la cohabitation. Mais savoir que l’équipe ELAN faisait en sorte de trouver une personne avec laquelle nous puissions nous entendre était rassurant. Même si on ne choisit pas la personne, bien heureusement, ils veillent à ce qu’il y ait compatibilité. Ma femme n’avait émis qu’une réserve : ne pas avoir à changer ses habitudes, ou plus exactement que la personne ait une vision de la femme compatible avec la nôtre. C’est une féministe convaincue. Elle n’entendait pas faire de compromis sur ce sujet.
Après trois semaines, quelles sont vos premières impressions ?
Claude : J’ai l’impression que Youssouf est parmi nous depuis des mois. Il s’est tout de suite bien intégré. Il joue avec ma fille de 11 ans. Hier, il est allé boire un verre en terrasse avec ma plus grande fille et son compagnon. Il est parfaitement autonome. Il a évidemment ses clés, sa chambre. Lorsqu’il est arrivé et que je lui ai montré sa chambre, je lui ai tout de suite dit qu’il pouvait enlever ce qui le gênait. Il a simplement enlevé une ou deux icônes.
La nourriture est probablement le sujet le plus complexe. Nous veillons bien évidemment à respecter ses traditions. Nous avons l’habitude des différences, ma femme étant végétarienne. On ne propose pas à Youssouf des aliments qui ne conviendraient pas à ses croyances. Il a même son propre frigo. Mais on sent qu’il y a là un fossé culturel.
Youssouf : La cuisine française est très différente de la cuisine afghane. Ici, vous mangez souvent des choses crues, ou cuites à l’eau. Chez nous, tout est cuit dans l’huile.
Claude : Youssouf aime par contre beaucoup le pain. Tous les soirs, il ramène une baguette. Quant aux repas, nous n’avons jamais été très formels dans la famille. Parfois nous mangeons ensemble, parfois chacun se fait à manger. Youssouf nous a fait un repas il y a peu. Je suis très curieux des spécialités culinaires qui viennent d’ailleurs. Je pense que nous allons peu à peu découvrir la cuisine afghane.
Parlez-vous de votre expérience autour de vous ?
Claude : oui. J’étais pour ma part dans une période de questionnement. Je m’interrogeais sur le sens de l’existence, sur la manière dont je contribuais à la société. Cette expérience, j’en suis convaincu, fait du bien. C’est une vraie rencontre. Il y a dix ans ma femme et moi avons aidé un Bolivien qui avait été notre guide lors d’un voyage en Bolivie. Nous l’avons hébergé un temps. Et nous avons toujours de ses nouvelles. C’est encore tôt pour le savoir, mais je pense que nous garderons toujours contact avec Youssouf.
Youssouf : J’ai beaucoup de chance. Lorsque j’ai parlé de la maison à un ami qui est hébergé dans un foyer, il n’y croyait pas. Il voulait que je prenne des photos. Je suis content de vivre dans une famille, de pouvoir échanger, je me sens chez moi. Je suis bien.