Au 115 de Paris, plus de 1000 nouvelles personnes depuis le début du confinement
10 Apr 2020 • Actualité
Au 115 de Paris, le confinement est synonyme de nombreux changements. A la nouvelle organisation mise en place sur la plateforme afin de respecter les règles de distanciation sociale, et répondre aux difficultés de transports des équipes, se sont associés des changements dans la nature des demandes, et donc des réponses apportées aux appelants. Pour en parler, retrouvez ci-dessous l'interview de Yeison, écoutant social au 115 de Paris.
Quelles évolutions observez-vous dans les appels reçus au 115 ?
Beaucoup de places ont été ouvertes durant les premières semaines de confinement, ce qui a permis à de nombreuses personnes d’être hébergées. Toutes ces personnes ont été orientées vers des places pour une durée indéterminée, que ce soit dans des hôtels ou dans des gymnases, ce qui a un effet bénéfique en terme de stabilisation. Mais maintenant que toutes les places ont été données, les personnes qui n’ont pas pu en bénéficier n’ont que très peu de chances d’être hébergées.
Qui sont ces personnes ?
Ce sont majoritairement des personnes isolées. Celles qui avaient l'habitude d'appeler régulièrement ont pour la plupart été hébergées. Mais sont réapparues des personnes qui n’appelaient plus le 115. Certaines ont appelé en apprenant tardivement que des places s’ouvraient, d’autres pour avoir de l’information sur les lieux ressources qu’ils trouvaient fermés, ou encore parce que la police leur demandait d’appeler pour obtenir un hébergement. Il y a aussi eu une vague de personnes qui étaient hébergées chez des tiers et pour qui le confinement a mis fin à la cohabitation. C’est aussi le cas de certaines familles qui appellent actuellement. Enfin il y a les nouveaux entrants, les personnes migrantes, isolées ou en famille, arrivées juste avant le blocage des frontières et pour lesquelles aucune demande administrative n’est possible.
Parvenez-vous encore à leur trouver des hébergements ?
Rarement. Quelques places se libèrent mais au compte goutte. Le paradoxe est qu’il n’y a jamais eu autant de places mais que les personnes restées dehors ont moins de chance que jamais d’être hébergées.
De quelles autres difficultés vous font part les appelants ?
Essentiellement de difficultés alimentaires. De nombreuses distributions ont été fermées. A Paris, de nouvelles ressources ont vu le jour. Une vingtaine de paroisses organisent des repas, 3 points de ravitaillement ont été ouverts par la Ville de Paris, à Denfert Rochereau, à Barbes et au Carreau du Temple, et quelques soupes populaires ont réouvert avec de nouvelles règles de fonctionnement. Mais en banlieue, surtout en grande couronne, trouver des ressources alimentaires est plus complexe. Des distributions de chèques services et de panier repas ont eu lieu mais toutes les familles n’en ont pas reçu. Lorsqu’elles appellent, nous transmettons l’information à une équipe spéciale de notre pôle hôtelier qui les rappelle pour trouver des solutions.
Les personnes isolées, de leur côté, font part de leurs problèmes de maintien de leur hygiène. Les bains douches ont fermé, les sanisettes également. Vivre à la rue est devenue beaucoup plus difficile. Sans parler de l’isolement social.
Avez-vous une idée du nombre de personnes qui restent à la rue dans Paris ?
Il est toujours difficile d’estimer le nombre de personnes. Nous n’avons qu’une vision partielle, celle donnée par les appels. Mais au 115 de Paris circule le chiffre de 800 personnes. Le gros problème à venir concerne les sorties de dispositifs : vont se conjuguer les sorties de dispositif hivernal, des dispositifs ouverts pour le confinement et les embouteillages qui vont avoir lieu du fait de l’arrêt des services sociaux. Il faut absolument que l’après confinement soit préparé. D’autant que l'été, beaucoup de dispositifs sont habituellement en sous effectif alors qu'il va falloir éviter l'engorgement. C’est une occasion pour permettre à un grand nombre de sortir de la rue.
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