Depuis plusieurs semaines, le Samusocial de Paris et l’association Etonnant Cinéma organisent des ateliers cinéma-débat à la Halte femmes de l’Hôtel de Ville de Paris. Plusieurs femmes hébergées y assistent, découvrent des œuvres cinématographiques, et échangent leurs points de vue après le visionnage. Quand cinéma et débat libèrent la parole…
Tous les lundis, un atelier cinéma-débat prend place dans le hall du centre d’accueil. Clara Guillaud fait partie d’Etonnant Cinéma, une association qui a pour vocation la promotion et la mise en place d’activités cinématographiques dans le champ éducatif et social. Ce jour-là, c’est la troisième fois qu’elle vient partager sa programmation cinématographique.
Une expérience avant tout collective
Pendant un peu plus de deux heures, Clara va projeter trois à quatre courts-métrages. Entre chacun d’eux, sept femmes présentes vont analyser et échanger sur les différents films qu’elles viennent de voir. Qu’est-ce que le film évoque ? Qu’est-ce qu’on en pense ? Quelles sont les thématiques ? Autant de questions sur le fond et la forme qui entrainent un moment d’échange et de réflexion. Rose participe à cet atelier pour la deuxième fois, elle explique que « l’idée est bonne, car elle fait participer tout le monde. On se partage les idées en collectif ».
Pour la troisième date de cet atelier, TAXI WALA de Lola Frederich, MAMA BOBO de Ibrahima Seydi et Robin Andelfinger, ESPACE d'Éléonor Gilbert, et TCHAU TCHAU de Cristèle Alma Maria ont été diffusés. Les courts-métrages ne sont pas choisis au hasard. La programmation de chaque séance varie principalement autour de deux thématiques. L’équipe d’Etonnant cinéma et les femmes hébergées ont choisi les thèmes. Le premier est Femmes du Monde, avec l’idée de proposer des personnages féminins et leurs différentes histoires. Le deuxième est Paris au cinéma. Dans les deux cas, ils trouvent indéniablement une résonnance avec le parcours des femmes présentes à l’Hôtel de Ville : « C’est des belles histoires, et un petit peu des histoires qui nous représentent à chaque fois », raconte Rose.
Un moment pour s’évader
Ce moment d’échange permet de se détacher d’une situation quotidienne difficile. « Ça nous évade un petit peu, on enlève un peu de stress », explique Rose. Ici, chacune peut s’exprimer, ou simplement être présente et écouter l’autre. C’est aussi avec cet objectif que Clara anime les sessions : « je pense qu’elles sont contentes de pouvoir s’exprimer, de prendre la parole autrement que sur leur situation ». D’autant plus que l’accès au cinéma, et même généralement l’accès à la culture, est difficile pour ces femmes, comme dit Rose :« Les activités comme ça c’est bien pour nous. Au lieu des sorties, il y a des activités qui viennent nous trouver ici donc c’est cool ».
Cet atelier participatif s’effectue également avec une démarche de suivi et d’accompagnement. Il a été pensé autour d’une question centrale : Comment le cinéma et l’action culturelle peuvent être un outil d’accompagnement social ? C’est même une question au cœur du projet de l’association Etonnant Cinema : « Pour nous le cinéma c’est un outil formidable pour justement accompagner le parcours d’insertion. L’action culturelle en général a une importance dans l’accompagnement social » exprime l’animatrice. Dans cette optique, les ateliers s’organisent en plusieurs sessions et il s’agit d’une expérience proposée sur le long terme. Après l’ultime atelier, qui se déroulera en juin, les femmes accueillies pourront choisir trois à quatre films qu’elles auront vus parmi tous ceux qui ont été projetés durant les sessions. Elles les présenteront lors d’une restitution, avec l’objectif qu’elles deviennent elles-mêmes programmatrices d’une séance de cinéma.