Blandine Régent est responsable RSO* à la direction de la Qualité au Samusocial de Paris. A ce titre, elle est en charge de mettre en place, développer et animer une stratégie environnementale et, plus largement, d’outiller les directions sur des problématiques sociétales (en savoir +) plus larges en lien avec les ressources humaines, la gouvernance, la logistique, etc.
Quel est ton parcours ?
« J’ai fait des études d’ingénieur en agroalimentaire, puis j’ai travaillé trois ans dans une entreprise qui produisait du popcorn dans le Gers, dans le domaine de l’amélioration continue et la production. J’y ai beaucoup appris, mais je me posais beaucoup de questions sur le sens de mon travail, pas totalement en accord avec mes valeurs environnementales. C’est pourquoi j’ai décidé de changer et de faire une année de transition professionnelle avec OnPurpose, à Paris. C’est un programme qui permet d’orienter et d’accompagner les personnes vers des métiers de l’économie sociale et solidaire. C’est dans ce cadre que je suis entrée au Samusocial de Paris afin de poursuivre le projet de mise en place de la politique RSO, initiée précédemment par Laure, ma prédécesseur.
Qu’est-ce qui te plaît dans cette mission ?
Déjà, je trouve ça chouette de se lever le matin sans se demander « est-ce que ça a du sens » ! (rires). Ici c’est évident ! Il y a de belles valeurs, je trouve ça bien de travailler pour les usagers. Allier environnement et social, c’est une belle combinaison. Je suis une « écolo » et pouvoir retranscrire ça dans ma vie professionnelle, c’est quelque chose qui me motive, d’autant qu’on est appuyés par la Direction. C’est super agréable de savoir qu’il y a une grande volonté d’aller vers ces questions !
« Allier environnement et social, c’est une belle combinaison »
En quoi est-ce particulier de mettre en place une politique RSO au sein d’un organisme tel que le Samusocial de Paris ?
On sent qu’on a des temporalités très différentes ici et c’est difficile d’allier urgence climatique et urgence sociale. Evidemment, on a envie de donner des solutions immédiates aux problèmes des usagers, c’est compliqué de se dire que ça peut avoir un impact environnemental qui est néfaste. Donc il faut trouver des compromis et du temps à accorder à un sujet qui n’est pas forcément vu comme une priorité.
Dire que les personnes les plus précaires seront les premières impactées par les changements climatiques, est-ce un fait avéré ? Qu’en penses-tu?
Il existe beaucoup de références sur ce sujet et le dernier rapport du GIEC l’explique bien aussi : nous allons, par exemple, être impactés par de grandes vagues migratoires, constituées de personnes qui habitent dans des pays de plus en plus touchés par la sécheresse.
Il faut avoir conscience que chaque action a un impact sur l’environnement et donc sur les futures vagues migratoires. Même si ça paraît très loin, le carbone n’a pas de frontières ! Des populations lointaines mais aussi plus proches vont bouger. Il va y avoir des concentrations de population dans des zones qui ne sont pas forcément préparées à cet afflux.
Autre exemple, les personnes en situation de précarité vont avoir des problèmes pour accéder à l’énergie. D’ailleurs, la précarité énergétique existe déjà en France. Cela coûtera bientôt trop cher d’avoir un habitat décent et de pouvoir le chauffer ou le refroidir.
« Même si ça paraît très loin, le carbone n’a pas de frontières ! »
Quelles sont les difficultés auxquelles tu peux être confrontée, au quotidien ?
Le fait d’être un GIP (Groupement d’intérêt public) fait qu’on a beaucoup de règles. Ainsi, en matière de commande publique, on ne peut pas choisir « comme ça » le bon prestataire en matière de restauration ou de tri sélectif. Cela prend plus de temps avec les marchés. Parfois, j’aimerais aller beaucoup plus vite et opérer des changements beaucoup plus radicaux, mais on doit respecter des étapes règlementaires, qui sont aussi garantes d’un budget public maîtrisé !
Et puis nous ne sommes pas propriétaires de tous nos bâtiments, aussi, motiver les propriétaires à faire avancer les choses, ce n’est pas évident. Ça ne veut pas dire qu’on ne fait rien, mais les délais sont plus longs !
Qu’est-ce qui t’enthousiasme ?
On sent qu’il y a une dynamique, de la volonté. Au Samusocial de Paris, il y a beaucoup de personnes qui ont envie de s’investir et qui prennent part au sujet. On est portés par la volonté de la Direction générale mais aussi de bon nombre d’agents et d’usagers, qui ont envie de faire bouger les choses ! En fait on sent que tout le secteur social est en train de réfléchir à ces questions, même si l’on aimerait que ça aille plus vite !
*RSO : la Responsabilité Sociétale des Organisation permet à une organisation de gérer ses impacts économiques, sociaux et environnementaux.