Portrait réalisé en juillet 2017.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le travail de coordinateur SIAO ?
Le métier est divisé en deux missions, l’une pour les personnes isolées et l’autre pour les familles. Je suis pour ma part dans la mission familles. Au sein de chaque mission, il y a deux types de poste : l’encadrement des équipes et la coordination tournée vers les partenaires extérieurs. C’est le poste que j’occupe. Il est complexe à expliquer car il n’existe pas de fiche de poste ! J’ai construit mon poste à travers une pratique quotidienne et par rapport à l’évolution permanente des besoins liés à l’actualité, l’urgence, et les reconfigurations institutionnelles. Chaque coordinateur développe sa propre approche du métier.
La création du SIAO date de 2010. Les postes de coordinateurs sont donc récents. Ont-ils déjà évolué ?
Mon métier a effectivement beaucoup évolué depuis mon arrivée en 2014. Le périmètre de mes compétences a bougé. Au début il englobait CHU Famille, périnatalité avec l’APHP, partenaires associatifs et maraudes. Depuis quelques mois, mon poste a été recentré sur la partie CHU qui est déjà très riche.
Pourquoi ce recentrage ?
Cet hiver, une mobilisation sans précédent a eu lieu, avec énormément d’ouvertures de nouveaux CHU. Le SIAO famille en régule simultanément 20. Le parc n’a jamais été aussi grand, avec des nouvelles équipes de professionnels. Aller au contact des centres a été nécessaire pour leur présenter les missions du SIAO, son organisation (volet urgence, insertion), les modalités de sollicitations et d’interaction, trouver des réponses à leurs difficultés. De nombreuses ouvertures ont eu lieu sur des temps très courts. A chaque fermeture, il a fallu rencontrer les équipes, pour organiser la décrue et la réorientation des personnes, dans un contexte de saturation important du dispositif.
En période de fin de la trêve hivernale, en quoi consiste plus spécifiquement votre activité ?
Actuellement, le travail autour de la décrue est important. 400 et 500 places d’hébergement vont disparaître, avec un objectif de non remise à la rue des personnes. Pour l’instant, avec seulement deux centres fermés, l’objectif peut être atteint. De ouvertures de nouvelles structures se sont faites en parallèle, d’autres sont en cours. Avec des calendriers pas toujours convergents avec ceux des fermetures, nécessitant de mobiliser des solutions provisoires de type hôtelières dans l’attente.
Ma mission est d’évaluer quantitativement les besoins if : nombre de famille concernée, composition de ces familles pour et adaptation des capacités d’hébergement disponibles. Une famille de neuf personnes, par exemple, est très difficile à réorienter. Je dois également prendre en compte des acteurs plus individuels ayant trait au quotidien de la famille, à sa situation médicale, aux éventuels besoins de scolarisation spécifique (surdité, malvoyance, ou handicap physique). C’est une tâche complexe car le parc d’hébergement n’est pas adapté à ce type de profils.
Mon travail consiste enfin à informer les structures qui vont fermer sur les moyens dont dispose le SIAO et à alerter les tutelles sur les difficultés, sur le décalage entre les capacités disponibles et les effectifs à orienter.
Quel a été votre parcours avant ce poste ?
Je suis rentré au Samusocial de Paris en 2009 en tant qu’écoutants 115 nuit. Un an plus tard j’étais coordinateur renfort sur le 115 nuit, puis je suis passé coordinateur 115 de jour en 2013.
Quelles différences entre les missions entre coordinateur 115 et coordinateur SIAO ?
Au 115, on travaille avec l’interne, avec des personnes qui ont le même langage et les mêmes représentations. Passer au SIAO implique d’aller à la rencontre de nos partenaires pour échanger, comprendre leurs besoins et leurs difficultés. On se rend alors compte des différences de visions. On apprend à devenir plus pédagogue, et plus diplomate.
Mis à part la diplomatie, quelles sont les qualités d’un coordinateur SIAO Urgence ?
Il faut savoir prendre des décisions rapidement mais sans précipitation et savoir assumer cette décision sur la durée. On a assez peu de temps et souvent pas tous les éléments d’information pour donner des réponses aux écoutants et aux partenaires parce que les places d’hébergement ne restent pas longtemps disponibles et que l’on est permanence face à des situations d’urgence.
Quel genre de difficulté l’urgence engendre-t-elle ?
On doit parfois prendre des décisions sans avoir le temps de recouper les informations à notre disposition. Par exemple, il y a peu de temps nous avons réorienté une famille dont l’un des enfants était en fauteuil électrique, ce qui impliquait de trouver un lieu adapté. Or le jour où l’équipe est venue chercher la famille, elle s’est rendue compte que le petit garçon marchait. Comme nous ne rencontrons jamais les familles, nous n’avons aucun moyen de vérifier les informations qui nous sont données. Et de leur côté, les centres d’hébergement fonctionnent avec des équipes tellement restreintes que des informations sont parfois non transmises.