Idéordo : un projet du Samusocial de Paris pour faciliter la lecture et la compréhension des ordonnances médicales. Tout un art !
28 Mar 2023 • Actualité
Ce projet, mené depuis novembre 2021, par plusieurs médecins généralistes du Pôle Médical et Soins du Samusocial, Lucie Legros, Marie Wicky et Léonard Ferguen, consiste en la création d’un outil qui permettrait aux patient·es de mieux comprendre leurs ordonnances. « Il n’existait pas d’outils établis, complet, facilement utilisable et gratuit » explique Lucie Legros, « donc nous avons décidé de le faire, en créant et en s’appuyant sur un comité qui comprenait des médecins, le pharmacien, et plusieurs autres professionnels du Samusocial de Paris, ainsi que des personnes hébergées. » C’est grâce à la réflexion commune de toutes ces personnes qu’est né Ideordo, un plan de prise, sur lequel on colle des étiquettes de pictogrammes qui permettent d’expliquer simplement, de façon imagée, une ordonnance et les informations liées à la prise de médicaments.
Un travail méthodique pour être au plus près des besoins des usager·es
La phase de prototype d’Ideordo a fait l’objet d’une thèse d’exercice menée l’année dernière par Léonard Ferguen, afin de voir à quel point le dispositif améliorait la compréhension des ordonnances : « Les résultats ont été particulièrement encourageants » souligne Lucie Legros, « cela nous a permis de mieux cibler la population qui pourrait bénéficier le mieux de l’outil : ceux qui ont du mal avec le français, ceux qui ont du mal avec l’écrit, ceux qui ne parlent pas du tout français etc. mais même au-delà ! »
Actuellement en phase de développement, le projet a bénéficié d’une aide financière d'un mécène. L’équipe a ainsi pu être accompagnée de Bruno Francheschini, graphiste professionnel, qui s’est joint aux comités pour mieux comprendre les besoins, et ainsi créer des visuels très ciblés, évalués en groupes tous les quinze jours et parfaitement adaptés « Visuellement, on doit pouvoir répondre au pourquoi, au « comment », au « quand » et au « où » », souligne Bruno, « Le patient doit pouvoir par associations de vignettes, localiser sa douleur, la quantifier, la préciser. Le médecin, lui, peut écrire entièrement son ordonnance, par exemple : 3 comprimés pendant le repas, matin, midi, et soir, si brulure d’estomac. » De plus, afin d’en faciliter la lecture et l’impression, les visuels sont simples, en noir et blanc et le format de sortie correspond à des planches d’étiquettes classiques.
Le projet a remporté un appel à projet de la Fondation Cognacq-Jay ce qui a permis aux médecins d’être accompagnés sur la méthode par MakeSense, de bénéficier d'un soutien financier complémentaire bienvenu, et d’accroître la visibilité du projet. A partir de septembre l’outil fera l’objet d’une évaluation complète, même si, d’ores et déjà, chaque vignette est testée par les personnes hébergées puis par le service médical… « un travail de fourmi ! » précise Bruno.
Un outil unique, à déployer largement
Un outil qui mérite d’être mis en avant et qui n’a pas d’équivalent : « Ce qui existait nous semblait succinct et assez limité sur les informations qu’on pouvait délivrer » conclue Léonard Ferguen, d’autant que ces solutions n’avaient pas été évaluées et ne correspondaient pas aux besoins des patient·es. A terme, l’équipe espère que l’outil pourra être accessible à tous les professionnel·les de santé pour faciliter l'accès aux soins des populations les plus fragiles.