« Je m’appelle Marc et je suis magicien. Qui a déjà vu un spectacle ? Qui connaît des tours ? ». Artiste de la Compagnie Le Phalène, Marc Rigaud anime un atelier de magie devant les yeux éblouis d’une trentaine d’enfants du centre d’hébergement d’urgence Olympe.
Ce mercredi après-midi ne ressemble pas à tous les autres. Depuis la crise sanitaire, nombre d’activités ont dû être annulées dans la salle commune. « Les enfants restent dans leur appartement et s’ennuient, bien qu’on leur mette à disposition des livres et des jeux. Ils n’ont pas forcément l’occasion de participer à des activités extra-scolaires, constate Princia Diop, la coordinatrice sociale de la structure. Aujourd’hui, ils sont super contents de se retrouver, ces moments sont devenus rares ».
Show must go on
A l’entrée de la salle, des masques sont distribués à chacun et de grosses lotions de gel hydroalcoolique trônent sur les tables. La fenêtre ouverte en guise d’aération, le show peut commencer. Marc entame une démonstration de quelques tours avec une corde, des cartes et des gobelets. Parmi l’assistance, on entend des « C’est de la triche ! », « Trop fort », « Fastoche ! ». Puis les enfants deviennent apprentis magiciens, imitant l’artiste et ses tours de passe-passe. Ayoub, 14 ans, ou Mona, 11 ans, se prêtent volontiers au jeu. La jeune fille est déjà adepte de magie, elle s’entraîne chez elle devant son petit frère qui fait office de public. « J’aimerais faire voler des cartes avec du fil invisible ! Et plus tard, m’inscrire à une école de cirque ». Discrète, Dahbia, la mère d’Ayoub, regarde la scène du fond de la salle, un sourire au coin des lèvres. « Avec la crise, c’est difficile d’occuper mes trois petits. Cet atelier est super ! C’est important que les enfants cultivent leur imagination et se divertissent autrement que devant la télé ou Internet ».
Un nouveau partenariat avec la Villette
A l’initiative de cet atelier, Sarah Ruciak, chargée d’actions culturelles au sein de l’Etablissement public du parc et de la Grande Halle de la Villette, a pris contact avec le Samusocial de Paris. « Avec les équipes de la production et de la programmation, nous avons décidé d’exporter certains de nos spectacles hors les murs, c’est-à-dire dans les écoles, les structures sociales, les centres de loisirs etc., explique-t-elle. C’est un moyen pour nous de donner un peu de joie, de poésie et de légèreté dans cette période pesante psychologiquement. C’est aussi une façon de soutenir les artistes en résidence à la Villette, durement touchés par cette crise ».
Cultiver sa créativité
Il est 18h, la magie prend fin. Pendant que les enfants s’entraînent encore à faire des tours avec quelques bouts de ficelle, Marc peut enfin souffler. « C’était sport, mais ça s’est bien passé ! », sourit-il. Au fil de l’atelier, les jeunes spectateurs ont pu travailler la motricité fine, la prise de parole en public et l’art de la diversion. « Ici, les enfants sont plein de vie, curieux, on sent qu’ils ont envie d’apprendre, constate l’artiste. Avec la magie, tout le monde est au même niveau. Quand j’interviens auprès des scolaires, ce ne sont pas forcément les bons élèves qui s’en sortent le mieux car la magie fait appel à des mécanismes psychiques dont on n’est pas conscients. Il faut savoir sortir du cadre et se montrer créatifs ! ».
Grâce à ce nouveau partenariat avec la Villette, un autre atelier de magie est prévu le samedi 6 février dans l’un de nos centres d’hébergement d’urgence.