Témoignage de Marie Lazzaroni, responsable de la mission Promotion de l’égalité
La mission Promotion de l’égalité a vu le jour il y a un an, comment accompagnes-tu les équipes sur la thématique de l’égalité entre hommes et femmes ?
Mon rôle est d’abord de nous amener à nous questionner sur nos pratiques ; à mettre en place des dispositifs qui permettent de réfléchir et de prendre du recul sur nos métiers, au quotidien, sous l’angle du respect de l’égalité hommes/femmes. Ainsi, l’année dernière, nous avons proposé aux agent·es du Samusocial de Paris, à l’occasion de la journée des Droits des femmes, une conférence-débat sur le thème du genre et du travail social. Deux sociologues sont venues parler de leurs recherches pour témoigner notamment des forts enjeux liés au genre dans la prise en charge et l'accompagnement des personnes sans-domicile. Cela se lit dans les stéréotypes de genre, le sexisme ordinaire, la perception des publics, la différenciation de leurs accompagnements, et les violences de genre.
Et puis, afin d’apporter une réflexion sur les rapports de genre dans nos pratiques, le Samusocial a rédigé un article pour la revue des politiques sociales et familiales (NDLR il sera publié courant 2023), qui dresse le bilan d’une enquête qualitative menée auprès de familles monoporentales accueillies dans des structures d’hébergement d’urgence du Samusocial. Il rend compte de la façon dont les pratiques des intervenant·es socia·ux·les auprès de ce public sont traversées par des rapports sociaux spécifiques de genre et d’interculturalité et des registres d’intervention divers et parfois contradictoires.
Des formations spécifiques ont aussi été proposées aux équipes …
Oui, tout à fait. C’est un autre axe de ma mission : proposer une montée en compétences des équipes sur ce sujet. Tout au long de l’année, des formations ont été données aux professionnel·le·s du SSP pour améliorer leur accompagnement auprès des femmes et mieux répondre à leurs besoins. Plusieurs thèmes ont été abordés :
Accueillir et accompagner les femmes en situation de précarité face aux discriminations et aux violences.
Repérer et accompagner les femmes victimes de violences, avec des modules spécifiques pour les écoutants du 115, les animat·eurs·rices, les médiat·eurs·rices, les professionnel·les du soin et les travaill·eurs·euses soci·aux·ales.
Parler de sexualité avec les personnes concernées.
Le Samusocial de Paris a également activement participé à la création d’un e-learning sur les violences de genre à destination des agents·e d’accueil et des animat·eurs·rices en co construction avec la DIHAL, la FNSF, la Fondation des Femmes, etc.
Abordes-tu ces questions avec les personnes hébergées, et si oui, comment ?
Bien sûr, la sensibilisation de nos publics est très importante ! Le 8 mars, c’est toute l’année au Samusocial de Paris ! De nombreuses actions ont été mises en place en 2022 et je sais que de nombreuses initiatives sont en train d’éclore. En fait, les droits des femmes peuvent être abordés grâce à différentes approches telles que l’éducation à la santé sexuelle par exemple. Ainsi, des actions de prévention et de sensibilisation ont été organisées et de nombreux ateliers ont eu lieu. Ce sont des outils de médiation efficaces pour parler de l’égalité homme/femme. C’est aussi l’occasion de parler « entre femmes », de créer du lien et de donner un « espace de parole intime » à partir de thèmes que l’on aborde peu ou pas. Babinski, La Halte de L’hôtel de Ville, le CHUM d’Ivry ont pu bénéficier de ces séances, à l’issue desquelles un dépistage était proposé. Les résidentes en hôtel sociaux ont, quant à elles, pu bénéficier d’ateliers de sensibilisation et d’échanges autour de la précarité menstruelle, ou autour de la santé sexuelle et affective.
Par ailleurs, l’art ou le sport, offrent de formidables possibilités pour s’émanciper. Des cours d’art plastique sont ainsi dispensés chaque semaine aux femmes présentes à la Halte de l’hôtel de Ville, tout comme des ateliers de création poétique, menés par la Maison de la poésie. Et grâce à la fédération multisports UFOLEP, près d'une centaine de femmes ont bénéficié de séances hebdomadaires de sport, dans cinq hôtels franciliens en 2022 (cf. lien vers l’interview de Maëlle Prioux, responsable projets santé au Samusocial de Paris.
Quels objectifs te fixes-tu pour 2023 ?
J’ai effectué cette année un diagnostic dans l’ensemble de nos missions afin d’y mesurer l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement égalitaire et inclusif, mais aussi prendre en compte et promouvoir l’égalité au sein des dispositifs et des établissements. Il a été réalisé entre Juillet et Novembre 2022 auprès des professionnel·les pour faire un état des lieux des besoins, freins et risques en matière de discriminations. Plus de 120 personnes ont été rencontrées dans ce cadre. Plusieurs constats, entre autres, autour du sexisme, de la mixité et des violences de genre ont été évoqués. Un plan d’action pour prévenir et lutter contre une partie de ces constats est en cours d’élaboration et paraîtra prochainement. Nous pourrons nous appuyer dessus pour mettre en place dans l’ensemble de nos établissements, des actions concrètes pour nous prémunir de toute discrimination.