Depuis le lundi 30 mars, une dizaine de professionnels du Samusocial de Paris accueillent les personnes sans-abri au sein du Carreau du Temple (Paris 3ème).
Chaque matin, les portes ouvrent à 9h30. Devant le Carreau du Temple, lieu culturel et sportif mis à disposition par la Ville de Paris, les personnes sans-abri patientent en file indienne, à plus d’un mètre de distance l’une de l’autre. Certaines sont là depuis 8h. Christophe, animateur au Samusocial de Paris, fluidifie les entrées de cet accueil de jour, ouvert pour répondre au déficit de lieux d’accueil dans Paris depuis le confinement. « Ce n’est pas évident de les faire attendre dans le froid, souligne-t-il. Certaines perdent patience et s’énervent mais dans l’ensemble, ça se passe bien ».
Répondre aux besoins de première nécessité
A l’intérieur du bâtiment, deux travailleuses sociales prennent le relai : « Vous avez besoin de quelque chose en particulier ? » lancent-elles aux nouveaux venus en leur tendant du gel hydroalcoolique. Elles se chargent d’évaluer les besoins des personnes et les notent sur un papier. « En plus des paniers-repas distribués par l’association Aurore, les personnes peuvent recevoir un kit d’hygiène, des vêtements chauds et des couvertures, ou recharger leur téléphone portable », précise l’une d’elles. Les allées et venues sont coordonnées par l’équipe sur place, qui veille à faire respecter les règles de distanciation et à séparer les femmes des hommes.
« Depuis le début de la crise sanitaire, beaucoup d’accueils de jour, de bains-douches et de toilettes publiques ont fermé, ce qui a suscité la colère des personnes sans-abri, explique Corinne, l’une des responsables de la coordination des maraudes au Samusocial de Paris. On peut les comprendre : cela fait plusieurs jours que certaines n’ont pas pu se laver ». Dans ce nouveau lieu d'accueil, Corinne redistribue des kits d’hygiène donnés par la Ville de Paris. Savons, brosses à dents, dentifrices, rasoirs, mousses à raser, lingettes ou serviettes hygiéniques : chaque produit est réparti dans des trousses pour hommes, femmes et enfants. « Hier, nous en avons déjà donné une centaine environ », ajoute-t-elle.
Face à elle, Pierre attend pour récupérer une trousse de toilette, un pull, des sous-vêtements et un couvre-chef. Originaire de Colombie, il vit depuis un mois chez un ami, dans une pièce de 15 mètres carrés où il dort à même le sol avec deux autres personnes. « Je ne sors que pour récupérer des vivres auprès des associations. Le manque d’espace, c’est très dur à vivre », témoigne-t-il. Derrière lui, Christian souffre de problèmes de santé, ne travaille pas et dispose de faibles ressources. « Je vais me laver aux bains-douches en temps normal mais là, c’est compliqué. Heureusement, j’arrive à me nourrir grâce aux paniers-repas et à me tenir chaud avec ces habits ».
Un lieu d’écoute et d’orientation
Un homme grelote et dit ne pas se sentir bien. Corinne l’installe en retrait, dans un petit espace de consultation aménagé pour recevoir les personnes. Elle lui pose des questions sur son état de santé et lui prend sa température : 34,6°. Ses mains sont gelées. L’homme se réchauffe doucement pendant que Corinne lui donne une attestation de déplacement dérogatoire et rédige une note à l’attention du CAARUD (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) dans lequel il est suivi, et où il a ensuite rendez-vous. « Si la personne présente des symptômes du COVID-19, nous l’orientons vers les centres de santé de la Ville de Paris dédiés à ces prises en charge, précise Corinne. Nous restons très vigilants car globalement, les personnes qui arrivent ici sont fatiguées et souffrent de la baisse des températures, surtout la nuit. Après la nourriture, l’hygiène et la recherche d’un hébergement sont le nerf de la guerre ».
Accueil de jour au Carreau du Temple, ouvert du lundi au dimanche de 9h30 à 14h.
4, rue Eugène Spuller - 75003 Paris
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