L’essentiel de la Mission Femmes par le Samusocial de Paris | Samusocial de Paris
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L’essentiel de la Mission Femmes par le Samusocial de Paris

07 Mar 2022 • Actualité

8 mars. Une date symboliquement forte pour présenter la Mission Femmes, un projet conséquent porté, depuis trois ans, par le Samusocial de Paris et ses partenaires. Un projet qui mobilise les responsables de sites et les directions en interne (Pôle Hébergement et Logement (PHL), auquel la mission est rattachée, Pôle Médical et Soins, Directions Générales, Communication et mécénat) et dont le développement a été confié à une chargée de mission.

Femme au Samusocial de Paris

 

Pourquoi est née la Mission Femmes ?

 

Faire face à l’urgence des femmes en grande précarité

Elles sont en grande précarité et sans-abri. Elles sont confrontées à des violences (physiques, sexuelles, psychologiques…) qui les poussent souvent à dissimuler leur identité voire à se rendre invisibles. Depuis 2018, la Nuit de la Solidarité a montré qu’elles représentaient 14% des femmes en situation de rue. Cela confirme ce que le Samusocial de Paris - gestionnaire du numéro d’urgence 115 et régulateur des places d’hébergements d’urgence – a constaté : une hausse du nombre de femmes en situation d’errance et d’appel à l’aide. Entre 2006 et 2016, le nombre de femmes seules ayant sollicité au moins une fois le 115 dans l’année a augmenté de 66% à Paris1. Elles sont 5 391 à avoir sollicité, au moins une fois, le 115 en 2012.
Il y avait donc urgence à offrir à ces femmes seules un accueil et un accompagnement totalement adaptés. Mixtes pour la plupart, les accueils de jour semblent en effet dissuasifs pour les femmes sans-abri, puisqu’elles y sont systématiquement sous-représentées.

 

Victimes de violences à plus de 90%

Réalisée en 2016 par l’Observatoire du Samusocial de Paris, l’étude « Halte femmes » indique que plus de 90% des femmes vivant dans la rue ont été victimes de divers types de violence. Plus de la moitié d’entre elles n’en ont parlé à personne et la grande majorité présentent un état de santé physique et psychologique très dégradé.

 

Passer à l’action pour alerter sur la situation des femmes en errance

En 2017, c’est dans ce contexte que le Samusocial de Paris lance une campagne médiatique de sensibilisation et de crowdfunding d’envergure : #LaRueAvecElles. Le but : alarmer sur la situation des femmes en errance, leur difficile accès à l’hygiène et aux soins et le besoin pressant de développer des structures non mixtes et sécurisées.

La ville de Paris décide d’ouvrir 8 haltes de nuit dont 3 pour femmes seules. La maire de Paris a créé une Halte dédiée aux femmes dans les salons de l’Hôtel de Ville, renforçant la capacité de mise à l’abri, pendant et après la période hivernale.

Acteur engagé et partie prenante de ces projets, le Samusocial de Paris est mandaté pour gérer ce lieu inédit rassemblant trois dispositifs en un même lieu : une halte de nuit (10 places), un accueil de jour et un CHU (39 lits).

Si l’ouverture de plusieurs dispositifs dédiés aux femmes est positive, l’accueil, l’accompagnement et l’orientation de ce public nécessitent la coordination de partenaires et la mise en œuvre de nombreuses actions pour une prise en charge dans les meilleures conditions possibles : telle est la mission de la Mission Femmes qui voit le jour au Samusocial de Paris, en 2018.

 

Quels sont les objectifs ciblés par la Mission Femmes ?

- Accueillir et accompagner plus de femmes aux profils, réalités et besoins différents
- Les sensibiliser et les encourager à (re) entreprendre des parcours de santé et de soins
- Travailler sur leur pouvoir d’agir, d’émancipation et d’estime de soi
- Fournir aux professionnels les outils (annuaires partenaires, cartographies des dispositifs existants, guides pratiques…) et formations (Paris ville de l’amour sans sida, Femmes victimes de violences, etc.) répondant aux problématiques rencontrées
- Lutter contre les discriminations et les stéréotypes dans les centres

Une femme

 

Comment se traduit la Mission Femmes, concrètement ?

Un soutien opérationnel aux structures dédiées aux femmes

Fin 2018, le Samusocial de Paris comptait deux sites pour le public féminin : le CHU Femmes/Familles Jean Rostand et le CHU Championnet. En l’espace de trois ans, de nombreux sites similaires ont été créés au sein du GIP : Centre de l’Hôtel de ville, en décembre 2018 - L’Oasis, en mars 2019 - CHU Babinsky, en mars 2019 - CHU Voltaire, ouvert en janvier 2019 et fermé en mars 2021 - CHU Royal Mad, ouvert en avril 2020 et fermé en juillet 2021 - CHU Olympe, en juillet 2020 - CHU Ariane, en novembre 2020 - CHU Championnet, en août 2018.
La chargée de mission « Projets Femmes » a apporté son soutien à l’ouverture de ces sites et à la gestion et mutualisation des dons (Dons solidaires) et collectes spécifiquement ciblés « femmes ».
 

Quelques chiffres :  

- En mars 2021, 300 femmes étaient hébergées chaque nuit dans les structures du PHL. (sites mixtes et non mixtes confondus)  

- En 3 ans d’ouverture, L’Oasis, comptabilise plus de 4 052 douches prises,   2 386 kits d’hygiène distribués et plus de 7 577 collations partagées.

- Fin 2019, après un an d’ouverture, le Centre de l’Hôtel de Ville compte 346 femmes rencontrées, une centaine de sorties dont 67% sont positives, 114 ouvertures de domiciliation, 38 suivis de grossesse, 47 inscriptions pôle emploi, 72 demandes d’AME, etc.

- Une cinquantaine d’agent.es du Samusocial de Paris travaillent dans des structures uniquement dédiées aux femmes.  

 

La mise en place d’un accompagnement spécifique

L’une des actions phares de la mission a été de créer, développer, mutualiser et entretenir un réseau pluridisciplinaire de partenaires, spécialistes des problématiques rencontrées par le public féminin. Ce maillage territorial, doublé d’une connaissance accrue sur les thématiques de référence, vient compléter l’accompagnement global proposé aux femmes et répondre à des besoins non pourvus (ateliers collectifs ou individuelles de sensibilisation et prévention, formations en interne...). Santé mentale, violences sexuelles et sexistes, bien-être et soins, précarité menstruelle, accès au droit, etc. Les thèmes des interventions dans les sites sont aussi variés qu’adaptés.

 

L’ambition d’être une référence sur la thématique « femmes »

La chargée de mission a réalisé une veille sur des résultats d’enquêtes ou études, bonnes pratiques, initiatives locales, actualités liées aux femmes et rencontres associatives et institutionnelles. Son rôle d’interlocutrice privilégiée des partenaires, sur de nombreuses thématiques, en fait une référence et un soutien précieux pour de nouveaux projets, notamment la recherche de financements (réponse à des appels à projets, mécénat d’entreprise, etc.) et outiller les professionnels  pour améliorer la qualité de nos accompagnements. Ceci pour renforcer les possibilités de développement de la mission.
Pour ouvrir les discussions et libérer la parole sur la place des femmes, les droits et besoins des personnes accueillies et hébergées, la mission s’est investie, chaque année, lors des grandes journées de mobilisation liées à la défense des droits des femmes (8 mars, 25 novembre, 6 février, etc.). Autant d’occasions de rappeler les outils et dispositifs existants.

 

Une communication la plus large possible

Un important travail entre les partenaires et les professionnels du Samusocial de Paris a permis la construction des politiques publiques au sein de groupes de travail et d’espaces créés par l’État et les collectivités territoriales (séminaires, colloques, journées nationales…). Et ce, en se basant sur une analyse des pratiques du terrain et le retour d’expériences des partenaires.
Un effort a également été fait, auprès des associations, institutionnels et mécènes, pour valoriser les nouveaux dispositifs et actions dédiés aux femmes et témoigner de l’expertise acquises par les professionnels du GIP en matière d’accompagnement des femmes précaires.
Enfin, en matière de communication et de sensibilisation du grand public, la mission a été amenée à témoigner régulièrement de la réalité des femmes accompagnées, de leurs besoins et des réponses apportées, par l’intermédiaire d’interviews et autres sollicitations médias.  

 
Quel bilan pour la Mission Femmes ?

Voici, de manière synthétique, ce qui ressort de ces trois années d’expérimentation visant à améliorer l’égalité et lutter contre les discriminations :
- l’accueil en structures mixtes et non mixtes, via une réflexion et une organisation adaptées, doit rester une option pour les femmes,
- un effort à la croisée du travail social et du genre doit être poursuivi,
- l’interculturalité doit être prise en compte pour assurer l’avenir de la mission,
- l’approche doit considérer que d’autres formes de stigmatisations (orientation sexuelle, origines, âge, handicap, etc.) peuvent s’additionner à la question du genre,
- l’accompagnement apporté à chaque personne doit lui être spécifique, au-delà du principe d’accueil inconditionnel et universel,
- il doit être complété par l’intervention d’acteurs spécialisés,
- l’accueil en structure doit être repensé pour favoriser le bien vivre ensemble et prévenir les actes de violences ou de stigmatisation au sein du collectif.
 
C’est pourquoi le GIP souhaite embrasser une nouvelle mission plus globale, davantage tournée sur la promotion de l’égalité et la lutte contre les discriminations, avec le recours à une responsable « Promotion de l’égalité » entièrement dédiée à la mission.


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