« Il faut que la question du genre soit pensée et conscientisée »
Marie Lazzaroni travaille au Samusocial de Paris en tant que chargée de la Promotion de l’égalité, ancienne Mission Femmes. Rencontre.
Engagée, en particulier sur les questions du public en grande précarité ou en situation de rue, titulaire d’un double diplôme en gestion de projet et en sciences politiques, Marie entre dans la vie active avec l’envie de mettre son énergie et ses compétences au service des personnes précaires et plus particulièrement des femmes :
« Ma volonté, c’est de participer à l’amélioration de leur situation et de l’accompagnement qu’on leur propose pour envisager quelque chose de mieux avec elles. »
C’est au cours de ses études que Marie se forge une opinion plus construite sur les questions de genre, d’inégalités femmes-hommes et de discriminations. Bénévole dans un accueil de jour dédié aux femmes à Grenoble, elle expérimente la réalité du terrain et se confronte aux questions du sans-abrisme féminin. Elle découvre la pluralité des parcours de ces femmes, jeunes et moins jeunes, souvent victimes de violences.
« J’ai pu comprendre la manière dont leurs journées étaient rythmées. Je me suis rendue compte de la lourdeur de la charge mentale que représentait la vie à la rue pour ces femmes. »
Elle intègre alors le Samusocial de Paris, qu’elle considère comme un acteur phare sur la question de l’accompagnement des personnes à la rue, à la toute nouvelle Mission Femmes. Une mission riche, variée, qui lui permet de participer à de nombreux projets…
Sa première mission débute en octobre 2018, alors que le Samusocial de Paris est mandaté par la Mairie de Paris pour gérer l’ouverture d’une Halte de nuit pour femmes dans l’Hôtel de Ville. Le rôle de Marie est alors d’accompagner le Pôle Hébergement et Logement et l’ensemble des parties-prenantes du projet (la Ville de Paris, les acteurs de la veille sociale et autres partenaires) dans l’ouverture de la Halte.
« J’en tire une très belle expérience : stimulante et parfois même stressante, c’était une très belle opportunité pour moi de commencer ainsi ma carrière au Samusocial de Paris. »
Dans son quotidien, Marie apporte un soutien concret aux équipes de travailleurs.euses sociaux.ales. En contact permanent avec les responsables de structures d’hébergement et d’accueil d’urgence, elle propose des projets transverses afin d’améliorer l’accompagnement des femmes en situation de grande précarité, seules, en familles monoparentales ou nombreuses. Que ce soit sur de court ou de plus longs termes.
« C’est une chance de pouvoir avoir ce recul, d’être dans la ‘non-urgence’, tout en ayant une certaine réactivité. J’ai une vue transversale sur les différents projets de nos structures, en centre d’hébergement ou de soins, en accueil de jour… »
A la question pourquoi la Mission Femmes évolue vers la Mission Promotion de l’égalité, Marie répond que l’accompagnement social vu sous le prisme du genre est une question de plus en plus abordée et qui est un enjeu sociétal majeur ; une personne, du fait de son genre, a un vécu et un parcours d’errance différents. En conséquence, la manière qu’elle aura de sortir de la précarité sera elle aussi différente. Mais au-delà du genre, d’autres facteurs de vulnérabilité s’ajoutent pouvant entrainer représentations et discriminations et nécessitant d’adopter une démarche de promotion de l’égalité plus globale.
« Il faut que la question du genre soit pensée et conscientisée pour ne pas répondre de façon universelle et neutre. Même si nos travailleurs.euses sociaux.ales sont sensibilisé.e.s, c’est un enjeu sur lequel il faut continuer de travailler pour proposer une réponse adaptée. »
La nouvelle Mission Promotion de l’égalité devrait mettre en place un plan d’action d’ici la fin de l’année 2022. A suivre…
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