Combien de personnes SDF compte-on la nuit à Paris ?
Chaque année, la Nuit de la Solidarité, organisée par plusieurs municipalités dont la Ville de Paris, permet de décompter une nuit donnée le nombre de personnes SDF sans solution d’hébergement. Ces données ne sont néanmoins pas exhaustives pour formaliser le nombre exact de SDF. Explications.
Bilan de la Nuit de la Solidarité à Paris
Pour la troisième année consécutive, une cinquantaine de professionnels du Samusocial de Paris a participé à la Nuit de la Solidarité du 30 au 31 janvier 2020, aux côtés de quelque 2 000 bénévoles. Une opération de recensement des personnes à la rue pilotée par la Ville de Paris pour mieux comprendre leurs besoins et adapter la réponse des pouvoirs publics. Réparties par arrondissement, 350 équipes, encadrées par un responsable et dotées d’un questionnaire anonyme, ont sillonné les rues de la capitale pour aller à la rencontre des personnes SDF, échanger avec elles et les décompter. La Nuit de la Solidarité cible celles et ceux n’ayant pas d’endroit où dormir ou dormant dans un endroit inadapté au sommeil, tel qu’une voiture ou un hall d’immeuble.
Au total, 3 552 personnes SDF ont ainsi été dénombrées contre 3 641 en 2019. Près de 74% d’entre elles se trouvaient dans les rues de Paris, et environ 16% dans des espaces privés accessibles au public et gérés par des partenaires institutionnels : les stations de métro, les gares, les hôpitaux, les parkings et les halls d’immeuble. A cela s’ajoutent enfin 10% des personnes SDF décomptées dans les bois, les parcs et jardins, et les talus du périphérique parisien. Comme les années précédentes, 12% des personnes rencontrées étaient des femmes.
Quantifier le nombre de SDF : une mission impossible
Combien de SDF compte la ville de Paris ? A cette question, il semble bien difficile de répondre. D’abord parce que les personnes sans domicile fixe englobent celles et ceux qui n’ont pas d’hébergement. Elles peuvent donc vivre à la rue, être hébergées chez un tiers ou dans des structures dédiées : centres d’hébergement d’urgence ou foyers par exemple. Rien qu’au Samusocial de Paris, nous hébergeons 640 personnes dans nos centres et près de 60 000 personnes dans des hôtels sociaux en Ile-de-France.
Ensuite parce que dans la rue, les SDF sont mobiles et nombre d’entre eux se cachent, notamment les femmes, pour se protéger. Par conséquent, la Nuit de la Solidarité ne permet pas d’évaluer de manière exhaustive le nombre de SDF dans les rues de Paris. Elle offre tout au plus la photographie à un instant T du nombre de personnes sans solution d’hébergement une nuit donnée, visibles des enquêteurs.
La dernière enquête nationale réalisée par l’Insee date de 2012. Elle recensait 12 700 personnes sans-abri et 143 000 personnes sans-domicile. Au niveau régional, le préfet d’Île-de-France citait quant à lui en 2018 le nombre de plus de 100 000 personnes hébergées chaque soir dans des structures dédiées, soit environ 1 % de la population francilienne.
Encadré
Selon l’Insee, est « sans-abri » toute personne qui ne dispose d’aucun lieu couvert pour se protéger des intempéries (pluie, froid) et dort à l’extérieur (dans la rue, un jardin public…) ou dans un lieu non prévu pour l’habitation (cave, cage d’escalier, chantier, parking, centre commercial, grotte, tente, métro, gare…).
Est « sans domicile » toute personne ayant passé la nuit précédant l’enquête dans un lieu non prévu pour l’habitation (on parle alors de sans-abri), y compris les haltes de nuit qui leur offrent un abri (chaleur, café, etc.) mais qui ne sont pas équipées pour y dormir, ou dans un service d’hébergement (hôtel ou logement payé par une association, chambre ou dortoir dans un hébergement collectif, lieu ouvert exceptionnellement en cas de grand froid).