Réparties par groupes de 4 ou 5, les équipes, munies d'un questionnaire, ont sillonné les rues de la capitale pour recenser les besoins des personnes à la rue et échanger avec elles. Ce recensement constitue un élément important de la veille sociale concernant les personnes sans abri. Il permet de prendre une « photographie », à un instant donné, du nombre de personnes en situation de rue sur un territoire délimité, et de suivre ces données, années après années. Cette année, en plus de Paris, 27 autres villes franciliennes ont mené cette opération.

Pour Juliette, c’était une première ! «  J’ai choisi le 5ème arrondissement, proche de chez moi, car je suis quasiment quotidiennement en contact avec un monsieur qui est à la rue près de chez moi et je commence à bien identifier d’autres personnes à la rue (dont des familles). Je voulais savoir s’ils étaient aussi dans le quartier la nuit ou s’ils se déplaçaient pour se réfugier dans un lieu plus sûr ».

Dormir la journée et boire des cafés la nuit

Pour Paul, nouvellement arrivé au Samusocial « (…) l'expérience amène à être au plus proche de la réalité, presque de façon intime car le questionnaire, plutôt long, est souvent une porte ouverte à l'expression pour les personnes interrogées. J'ai écouté des discours de vie, des parcours difficiles, dialogué avec des personnes ne parlant pas français, rencontré des personnes qui, pour se protéger, "dorment la journée et boivent des cafés la nuit". » 

Cette Nuit de la Solidarité participe aussi à déconstruire les idées reçues que l’on peut avoir sur le sans abrisme et les personnes à la rue. Ainsi Sarah, stagiaire au Samusocial de Paris, a été particulièrement marquée lors de son parcours dans le 20e arrondissement, par un homme dormant, malgré les apparences, dans sa belle voiture « C’était dur de le voir lui-même rejeter sa situation en refusant l’aide, mais surtout de le voir au fur et mesure des questions prendre conscience de ses conditions de vie. A la fin de la conversation, il nous a dit vouloir commencer des démarches auprès d’un travailleur social. » 

Anne, dont c’est la 2e édition de la Nuit de la solidarité, dit avoir rencontré « Beaucoup d’hommes malades et qui souffrent. L’accès aux soins est un vrai problème ». Au total, au Samusocial de Paris ils ou elles étaient 19 à avoir accompagné des équipes de bénévoles, sur le terrain. Des groupes constitués de personnes différentes, de tous âges et tous horizons. Ainsi, pour Anne « Les rencontres dans l’équipe sont aussi enrichissantes que les rencontres avec les personnes ». 

Les premiers résultats

3015 personnes ont été comptabilisées à Paris lors de cette édition, dont 105 enfants. Soit 16% de plus que l’année passée. C'est surtout la première fois depuis l'existence ce dispositif, que l'on décompte un nombre aussi élevé de familles et d'enfants à la rue.

Pour en savoir +, consultez les pages dédiées à l'opération sur paris.fr : https://www.paris.fr/pages/nuit-de-la-solidarite-2023-22835