A compter du mardi 19 mars 2019, les bains-douches situés rue de Charenton, dans le 12ème arrondissement de Paris, seront exclusivement réservés aux femmes en situation de grande précarité, tous les après-midis du mardi au samedi.
Pourquoi avoir accepté de devenir la marraine du lieu d’accueil et d’hygiène pour femmes ?
Ce sujet me tient à cœur. En enquêtant sur ce sujet, j’ai vu à quel point les femmes avaient besoin de lieux qui leur étaient réservés. Beaucoup ont subi des violences, ou en subissent régulièrement dans la rue. Se retrouver dans un endroit protégé est essentiel. Ouvrir un lieu d’hygiène est non seulement utile mais aussi symboliquement important. Beaucoup de femmes tiennent à continuer à faire attention à leur apparence, à rester propre, sentir bon, c’est une question de dignité, le dernier rempart avant ce qu’elles considèrent comme la chute. Se maintenir propre, c’est se sentir une femme comme toute autre, c’est garder l’espoir de s’en sortir.
Comment en êtes-vous venue à vous mobiliser sur le sujet des femmes sans-abri ?
Tout simplement. Un matin, j’étais dans ma voiture, arrêtée à un feu rouge et j’ai vu une femme SDF traverser. Je n’ai alors pas vu une clocharde mais une femme comme un autre, qui aurait pu être moi, ou bien ma sœur, ma mère. Arrivée au bureau, j’ai cherché sur internet combien de femmes étaient dans la rue. Les chiffres m’ont époustouflée. Découvrir qu’elles étaient aussi nombreuses et pourtant invisibles, et qu’on n’en parlait pas m’a donné envie de réaliser un reportage. Et puis les choses se sont enchaînées au fil des rencontres. Comme j’avais le sentiment de ne pas avoir tout dit dans le reportage, j’ai eu envie d’en faire un livre : « Sur la route des invisibles ».
Un film tiré de ce livre sortira le 9 janvier. Reflète-t-il ce que vous avez voulu transmettre ?
Le livre n’est que le point de départ. Le film retrace l’histoire de femmes dans une association l’Envol, aussi bien des femmes qui fréquentent le lieu que celles qui les accompagnent. Les femmes sans domicile qui y ont pris part sont extraordinaires. Le film leur rend un bel hommage, sans jamais se complaire dans le tragique. Au contraire. C’est un film plein d’humour, d’ironie, d’espoir, un moment d’humanité partagée.