"Un meurtre, une vie" : un polar co-écrit par des personnes hébergées | Samusocial de Paris
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"Un meurtre, une vie" : un polar co-écrit par des personnes hébergées

12 May 2021 • Actualité

Pendant deux ans, des personnes hébergées dans l’un de nos centres et un animateur ont co-écrit à 6 un roman policier. Baptisé « Un meurtre, une vie », ce polar sortira dans les librairies le 15 mai aux éditions Marie B. Rencontre avec ses auteurs. 

 

Un meurtre une vie

 

Un projet collectif et participatif

 « Ecrire un roman à 6, c’est une première ! », déclare Stéphane Tutiau, animateur au Samusocial de Paris depuis 20 ans. En 2017, il propose d’écrire un roman collectif. « J’ai sollicité les hébergés pour qu’ils glissent dans une boite à idées le thème de leur futur livre, explique-t-il. On en a sélectionné 10, puis on a fait appel au vote : ‘une erreur judiciaire’ l’a remporté ».

Pendant un an, Nicole, Giovanni, Amel, Hassan, Nadia et Stéphane se réunissent une fois par mois. Ils dessinent ensemble le contexte de l’histoire, les personnages et le déroulement de l’intrigue. « On s’est comportés comme des joueurs d’échecs en ayant un coup d’avance pour éviter d’aller dans le mur et que l’action ne tombe à l’eau », explique Stéphane Tutiau. A chaque séance, une personne se porte ainsi volontaire pour rédiger un chapitre de l’histoire. Elle le lit ensuite à voix haute aux autres participants, qui donnent leur avis.

 

Un peu de chacun dans le roman

Rencontre avec les auteurs

 

Amel, dotée d’une licence en droit, veille au bon usage des termes juridiques au fil de la narration. « On a voulu écrire un polar à dimension sociale en racontant l’histoire d’un homme accusé d’avoir tué ses parents, explique-t-elle. C’était important de connaître la procédure dans une telle affaire pour paraître plus crédible ». Pendant des mois, Stéphane Tutiau a mené des recherches approfondies pour établir « deux bibles », comme il le dit : une liste des erreurs judiciaires en France depuis 50 ans, et une autre reprenant les principales notions juridiques dans des affaires criminelles. « On est devenus des experts ! », s’amuse-t-il.

Au fil de l’histoire, les auteurs se posent différentes questions : comment survivre dans un univers carcéral ? Comment se reconstruire lorsqu’on est victime d’une erreur judiciaire ? Giovanni, tout sourire, ne veut rien dévoiler de l’intrigue mais précise : « On ne voulait stigmatiser personne, voilà pourquoi il n’y a aucune référence religieuse dans le bouquin. On ne sait même pas quand ni où se déroule l’histoire exactement. L’idée, c’était de montrer que tout le monde peut être victime d’une erreur judiciaire ». Lui n’a pas de diplôme mais a fait beaucoup de théâtre d’improvisation. « Quand Stéphane m’a proposé d’écrire un dialogue, je me suis dit pourquoi pas ! Même si à la base je ne suis pas du tout littéraire, ça me fait une expérience de plus et me dire que j’ai écrit un roman avec d’autres, c’est quand même cool ! ». A ses côtés, Hassan, glacier-pâtissier de formation, est en revanche un grand lecteur. « J’ai l’habitude d’annoter mes livres pour améliorer mon bagage culturel. Ce polar est le fruit d’un travail d’équipe et je suis content du résultat ». Quant à Nicole, elle a depuis quitté le centre pour un logement à Cachan mais revient volontiers voir ses amis. « J’ai consacré ma plume au côté romantique de l’histoire », sourit-elle. Cette ancienne secrétaire de direction d’un théâtre a beaucoup aimé l’expérience. « J’ai apprécié l’ambiance de l’atelier, se réunir et partager nos idées. C’est toujours plus intéressant que de rester seule dans son coin ».


Retrouvez « Un meurtre, une vie » à partir du 15 mai en librairie !


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